Jag hatar solen ........
[...] Car je te hais, Soleil, oh ! oui, je te hais comme
L'impassible témoin des douleurs d'ici-bas...
Chose de feu, sans coeur, je te hais comme un homme !
L'être que nous aimons passe et tu ne meurs pas !
L'oeil bleu, le vrai soleil qui nous verse la vie,
Un jour perdra son feu, son azur, sa beauté,
Et tu l'éclaireras de ta lumière impie,
Insultant d'immortalité.Et voilà, vieux Soleil, pourquoi mon coeur t'abhorre !
Voilà pourquoi je t'ai toujours haï, Soleil !
Pourquoi je dis, le soir, quand le jour s'évapore :
" Ah ! si c'était sa mort et non plus son sommeil ! "
Voilà pourquoi je dis, quand tu sors d'un ciel sombre :
" Bravo ! ses six mille ans l'ont enfin achevé !
L'oeil du cyclope a donc enfin trouvé dans l'ombre
La poutre qui l'aura crevé ! " [.....][...] Pour voir la bouche en feu par nos lèvres usée
Nous dire froidement : " C'est fini, laisse-moi ! "
Et s'éteindre l'amour qui, dans notre pensée,
Allumait un soleil plus éclatant que toi !
Pour voir errer parmi les spectres de la terre
Le spectre aimé qui semble et vivant et joyeux,
La nuit, la sombre nuit est encore trop claire...
Et je l'arracherais des cieux !
(Extraits poème "La haine du soleil" - Jules BARBEY D'AUREVILLY)